En partenariat avec le Carré Amelot, qui a proposé l’exposition « Résistances birmanes » du 5 janvier au 25 février 2023, la classe de seconde 8 et un groupe d’élèves de seconde 13 ayant choisi l’option arts plastiques ont eu la chance de recevoir Mayco Naying et Isabelle Ha Eav, accompagnées par Pascal Mirande, dans le CDI du lycée Valin le 12 décembre 2022.
Voici ce que les élèves1 de seconde 8 ont retenu de cet échange avec Mayco Naing, photographe birmane en exil :
La Birmanie est le pays le plus pauvre d’Asie du Sud ; la drogue et le travail des enfants restent des sujets à traiter, les classes sont surchargées (de 50 à 60 élèves), et 50 % des enfants arrêtent leur scolarité à 10 ou 12 ans pour travailler. Pour les études supérieures, les femmes sont obligées d’avoir de meilleures notes car les hommes sont privilégiés.
Ce pays semble renouer avec la démocratie en 2010, avec l’ouverture des frontières, la fin de la censure et de la répression militaire. Cependant , en 2021, les militaires reprennent le pouvoir et instaurent une dictature. Censure, surveillance, féroce répression.
En Birmanie la jeunesse n’a pas connu le régime dictatorial, et n’a donc pas peur. Cette génération nommée la génération Z est celle qui est aujourd’hui à la pointe du combat après le coup d’état de février 2021. Elle est en colère. « Que faites-vous de notre avenir ? » demandent ceux qui ont connu l’ouverture du pays. Depuis deux ans, s’est ainsi créée une armée rebelle qui s’appelle « People’s defence force », dont les militants s’entraînent dans la jungle.
« L’armée tue les citoyens au lieu de les protéger. »
« La Birmanie est un si beau pays. »
Mayco Naing a vécu une enfance ennuyeuse dans une région reculée ; elle habitait à cinq heures de la ville, entendait toujours la même musique partout et disposait de peu de livres à cause de la censure. A 16 ans, elle réalise son premier travail de photographe dans la capitale pour financer ses études . En 2009, elle ouvre son premier studio. Elle ne prend conscience de la dureté de son pays qu’une fois partie en Thaïlande, à 25 ans, pour faire des photos de mode.
Elle est une photographe militante résistante ; elle prend des photos des barricades, depuis un taxi, à l’aube, après le coup d’état de 2021, et doit alors fuir son pays.
Elle vit désormais en France – c’est la première fois qu’elle quitte sa terre natale aussi longtemps – où elle continue à enseigner le photojournalisme à des étudiants birmans et où elle donne des conférences pour faire connaître les épreuves que traverse son pays et témoigner de la résistance de ses habitants, notamment les artistes. C’est pour cela qu’elle conçoit un livre, Printemps birman (Héliotropismes 2022), avec Isabelle Ha Eav, compilant photos et poèmes d’artistes birmans entrés en résistance. Les textes en birman sont traduits en français et en anglais.
Les élèves de seconde 8 ont lu quatre poèmes extraits de ce recueil, “Survie”, “Un boeuf pour une chique de bétel”, “Printemps” et “Le trou”. Mayco Naing les a ensuite lus en birman et l’émotion qui l’ a envahie a été d’une incroyable intensité. On a senti toute la force des mots et tout ce qu’avait de poignant l’hommage ainsi rendu aux artistes, comme le poète Khet Thi, tué avec une glaçante cruauté par l’armée.
« La France est une terre des possibles.»
En amont de cette rencontre, les élèves de seconde 8 avaient préparé une exposition consacrée à la Birmanie, sous la houlette du professeur documentaliste M. Saumoneau et de Mme Ghilardini, professeure de lettres, et ceux de seconde 13 avaient réalisé des oeuvres et une affiche avec Mme Saint-Martin, qui enseigne les arts plastiques.
En janvier, le Carré Amelot a accueilli les lycéen.ne.s pour leur faire découvrir les photos de Mayco Naing et d’une autre photographe anonyme, grâce au médiateur Dominick Pagès Dardillac, en présence de Pascal Mirande.
1. Alexandre, Léo, Laura, Lisa, Valentine, Léonie, Lilou, Elhadji, Perrine, Lucie, Théo, Angelo, Zoa, Coline.
