L’artiste Laurent-David Garnier et l’équipe de la Chapelle des Dames Blanches nous ont ouvert les portes de l’exposition, SAULAVY, qui se déroulait du 3 juin au 3 septembre à la tour de la Chaîne et à la chapelle des Dames Blanches à la Rochelle. Le titre de l’exposition faisant à la fois écho à l’usage du sel dans ses œuvres et à l’alter-ego de Marcel Duchamp, Rrose Selavy. L’exposition fait partie du programme de soutien à la création artistique du Ministère de la Culture, Mondes Nouveaux.
La visite de notre classe CPES-CAAP du lycée Valin s’est faite le lendemain de la fin de l’exposition, soit le 4 septembre, jour de la rentrée (merci à Doria Ardiet, Vincent Martin et à Laurent-David Garnier d’avoir attendu pour nous de démonter cette exposition !) . Nous avons donc découvert une partie des travaux qui se situaient dans la Chapelle dont l’œuvre centrale étaient les SAU SQUARED, soit six sculptures horizontales.
Laurent David Garnier est ancien parfumeur, dans l’industrie des fragrances. Il a arrêté cette activité pour des raisons écologiques et politiques. Il s’est donc reconverti et a obtenu son master du Sandberg Instituut d’Amsterdam en 2015.
L’artiste plasticien travaille la sculpture, la photographie et la vidéo. Son travail artistique est traversé par un intérêt fort pour la science notamment avec des recherches sensorielles précises (souvent en rapport à l’odorat) et un travail chimique sur la matière, ici le sel et le verre.
Les six sculptures sont présentées à même le sol, chacune dans un rectangle aux dimensions similaires à un panneau publicitaire “JC Decaux” entouré de LEDs blanches ou violettes.
Dans ces œuvres intitulées Sau Squared, l’artiste travaille à partir du sel comme matière première. Il y représente des portions de paysage marins et littoraux. Pour cela il reprend des techniques traditionnelles issues de la culture du sel dans les marais salants en les détournant à des fins artistiques, comme le phénomène de cristallisation qui selon lui révèle la perméabilité des écosystèmes terrestres et maritimes. Les paysages semblent se faire interstices, entre eau et terre, ciel et terre.
Pour cela il dilue différents sels dans de l’eau avec des colorants et des algues comme la Dunaliella salina (qui permet d’obtenir une texture et une coloration particulière), puis par évaporation il obtient sa sculpture formant des paysages colorés.
L’artiste nous explique que la fabrication et l’exportation de sel est d’une grande importance pour la région, d’où son choix d’utiliser du sel local venant de la Rochelle et des Île aux alentours.
Dans cette installation, Laurent-David Garnier, travaille aussi à partir de sable qui lui permet de faire du verre soufflé et de la pâte de verre (Trémie) et enfin des éponges pétrifiées de verre et émaux.
En travaillant sur des matières premières pour créer des espaces dits “naturels”, l’artiste pose la question de ce qu’est le paysage et de son rapport à ce qu’on nomme nature. En plaçant au centre de son travail les relations entre terre et mer, il met en exergue le littoral, portion de territoire au cœur d’une marchandisation excessive et d’une crise écologique qui met en péril cet espace si fragile.
Article co-rédigé par Carmen Combes et Colin Hoarau étudiant.es en CPES-CAAP au lycée René Josué Valin de La Rochelle
Pour aller plus loin :
Instagram de Laurent-David Garnier @eldee_official
Pages de Documents d’artistes en Nouvelle-Aquitaine consacrées à Laurent-David Garnier : https://dda-nouvelle-aquitaine.org/Garnier-Laurent-David