Suite à plusieurs séjours professionnels au Japon en tant qu‘universitaire et chercheur en génétique animale, dont deux années aux universités de Kyoto et de Kagoshima, Francis Minvielle s’est découvert une grande passion pour l’art japonais et son histoire, il est alors maintenant amateur et collectionneur d’estampes originales japonaises.
Lors d’une conférence au lycée René Josué Valin à la Rochelle avec la classe de CPES CAAP, Francis Minvielle a pu présenter et commenter sa large collection d’estampes, en s’appuyant sur un diaporama d’une cinquantaine de minutes pour les situer dans leur contexte historique et culturel, c’est-à-dire vers la fin du Japon féodal des shoguns (gouverneurs militaires) de Tokugawa et le début du Japon moderne de l’Empereur Meiji. Les 26 estampes japonaises qui ont également été exposées en parallèle dans la galerie d’exposition du lycée sont des originaux datant des 18 et 19ème siècles. Cette sélection couvre quelques-uns des thèmes favoris des artistes de l’époque : les paysages et les voyages, le théâtre, l’information, l’humour, et surtout l’histoire du Japon.
L’ukiyo-e est un mouvement artistique japonais de l’époque Edo (1600-1868) comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois, à l’aide de burin. Le coût de leur production étant faible, celles-ci étaient produites en série pour raconter des histoires et pour être vendues par la suite au grand public, de sorte que toutes classes sociales étaient en moyen de s’en procurer. Les ukiyo-e présentaient donc un fort intérêt commercial. Déjà à l’époque certaines ne servaient uniquement qu’à titre publicitaire.
Les colorants utilisés pour les couleurs étaient pour la plupart d’origine naturelle donc issus de végétaux ou d’animaux.
Elles étaient souvent signées, accompagnées d’un symbole qui donnait le nom de l’auteur et de l’éditeur. On va s’intéresser à l’explication et l’histoire de certaines d’entre elles.
Le style toba-e, inventé par un moine au 11ème siècle, à été repris par l’artiste Utagawa Kuninaga au début du 19ème siècle, caractérisé la plupart du temps par des membres très longs chez les personnages et des traits et des courbes de couleur noire. L’estampe que détient Francis de cet artiste représente un paysan qui court sous la pluie de façon très gaie, donnant ainsi un aspect humoristique à celle-ci. Il faut savoir qu’au Japon les artistes n’hésitaient pas à s’inspirer les uns des autres, à titre d’exemple avec Hiroshige qui 25 ans plus tard, reproduira cette même scène. Hiroshige a par la suite fait des estampes « souvenirs », comme celle que possède Francis nommée « Marée Basse à Susaki » représentant de simples activités du dimanche en été au sud de Tokyo, ces scènes ont également été reprises par d’autres artistes, notamment par les élèves de Hiroshige. A cette époque, les apprentis recopiaient souvent leur maître en reproduisant leurs estampes, tout en reprenant également leur nom qui devenait le leur, en y ajoutant simplement un numéro, comme par exemple Hiroshige 2 et Hiroshige 3 (des élèves de Hiroshige). Hiroshige 2 a notamment fait la même plage qu’Hiroshige tout en modifiant quelques détails.
Francis détient également en sa possession une estampe de Toyohara Kunichika datant de 1899, qui est la 50ème estampe d’une série de 66 qui s’intitule « Fierté de Tokyo, ses spécialités ». Il s’agit ici d’une publicité pour les commerces, où l’on peut apercevoir la représentation d’une belle femme, vêtue d’un modèle de tissu réputé et un commerce renommé.
Beaucoup d’estampes ont malheureusement disparu, il en reste tout de même de nombreuses collections, qui sont maintenant entre les mains, de musées, de galeries d’art, et de passionnés comme Francis Minvielle.
Compte-rendu de rencontre avec le collectionneur Francis Minvielle réalisé par Dominique Koerich Brou étudiante en CPES CAAP