L’exposition These Voids That Fill Me de Bruno Rousseaud qui était présentée à la Chapelle des Dames Blanches du 12 Juillet au 15 Septembre, proposait une exploration captivante de la notion de vide et de son impact sur l’identité et l’espace. Cette exposition mettait en lumière le dialogue entre absence et présence à travers une série d’œuvres innovantes qui interrogent la manière dont les espaces vides peuvent être chargés de signification et d’émotion. La classe de CPES-CAAP, a eu l’occasion de la visiter.
Depuis plus de vingt ans, Bruno Rousseaud s’intéresse à l’univers de l’automobile et à la culture underground. Il fusionne ces passions avec une exploration profonde du langage muet, tel que le braille, pour exprimer des messages puissants et parfois violents, traduits en anglais. Cette approche lui permet de communiquer sans émettre de cris, offrant une forme de discours subtile et pénétrant. Parallèlement, il aborde sa propre dépression qu’il a traversé il y a quelques années, utilisant son art pour traduire ses expériences intérieures en une expression visuelle poignante.
L’exposition débute avec SHELL, une œuvre captivante : une reproduction en céramique d’un casque blanc et rouge, fixé au mur. À l’occasion du vernissage, des fleurs fraîches ont été disposées à l’intérieur du casque. Au fil de la durée de l’exposition, ces fleurs se fanent progressivement, symbolisant poétiquement le processus de deuil et la manière dont le temps affecte la mémoire et la perte. Cette installation invite les visiteurs à réfléchir sur la fragilité des émotions humaines et sur le caractère éphémère de la vie, tout en offrant une méditation visuelle sur la manière dont le temps peut apaiser ou intensifier le chagrin.
Ensuite, l’exposition présente une série de vingt images caractéristiques de l’univers rock, disposées sur un mur. Ces images, soigneusement encadrées, sont ornées de titres emblématiques de chansons rock que Bruno Rousseaud a choisi puis transcrit en braille. Les images sont également reproduites en motifs répétés sur le mur, évoquant les papiers peints rock’n’roll populaires des années 2000. Cette répétition crée un effet visuel qui non seulement rappelle l’esthétique nostalgique de cette époque, mais aussi renforce l’impact des titres de chansons en créant un fond visuel saturé. Cette installation associe la culture rock tout en immergeant le spectateur dans une ambiance visuelle et auditive caractéristique du genre.
En poursuivant notre visite, nous découvrons cinq capots de voiture, chacun suspendu à un mur distinct, et peints en différentes couleurs. Le dos de ces capots est recouvert d’une peinture orange fluorescent qui, combinée au fond blanc des murs, crée un effet lumineux vibrant, comme si les capots étaient en feu. Sur chaque capot, des trous réalisés à l’aide d’un chalumeau forment des phrases en braille. Ces messages, qui sont des citations françaises traduites en anglais, intègrent toutes le mot “fire”.
Les citations présentées sont : “Our shadow will not shut the fire” de Paul Éluard, “The fire that burns me is the one that lights me up” d’Étienne de la Boétie, “One fire that burns puts out another” de William Shakespeare, “Life is a panic in a theater on fire” de Jean-Paul Sartre, et “Glory is the smoke without fire” de Jules Renard. Cette installation juxtapose la chaleur visuelle des capots illuminés à la profondeur des réflexions sur le feu, la passion, et la lutte intérieure, offrant une expérience sensorielle et intellectuelle puissante.
Une autre installation marquante de l’exposition présente des colonnes de pneus de karting, sur lesquels sont rivetés en négatif les titres des chansons rock présentes sur les images au mur de l’entrée. Les pneus, usés et marqués par le temps, deviennent des supports de choix pour ces titres, transformant des objets de performance en éléments d’expression artistique. Les inscriptions, révélées par un contraste saisissant avec le fond sombre des pneus, créent un effet visuel frappant qui accentue le thème sombre et introspectif des chansons.
“These Voids That Fill Me” est une exposition introspective qui explore les dimensions invisibles de l’art et de l’espace. À travers son utilisation du vide comme élément central, Bruno Rousseaud nous pousse à reconsidérer notre relation avec ce qui est absent et comment cela influence notre perception du monde. Cette exposition est une invitation à plonger dans le vide pour découvrir ce qu’il peut révéler sur nous-mêmes et sur notre environnement.
Compte-rendu réalisé par Pauline Beurivé et Nina Ombredane, étudiantes en CPES-CAAP au lycée René Josué Valin