La classe de CPES-CAAP du lycée René-Josué Valin a eu la chance de rencontrer Louis Guillaume et son équipe à l’occasion de la finalisation de son projet au sein d’un des bâtiments de l’Espace Investissement.
Louis Guillaume est un jeune artiste né en 1995 à Rennes. Il réalise des récoltes de matières et son attrait pour le voyage et la découverte se ressent dans son travail, largement tourné autour des matériaux naturels et du vivant.
Dans le cadre de son parcours aux Beaux-Arts de Rennes, Louis-Guillaume découvre durant son séjour Erasmus au Mexique la plante stipa tenuifolia, aussi appelées “cheveux d’ange”. Il travaille depuis avec cette plante, considérée aujourd’hui en Europe comme tellement invasive qu’elle est parfois interdite dans certaines zones. Il s’intéresse aussi à la bourre de peuplier populus nigra dont on appelle “neige de printemps” l’éclosion des boutures, et aux bambous (qui permettent notamment de créer de la forme et de structurer l’espace).
Louis Guillaume porte ses projets à travers les notions de découverte et de partage, en 2020 il participe par exemple à une expédition sur la Loire, le dernier fleuve sauvage préservé d’Europe, avec dix autres personnes pour récolter des graines de peuplier.
C’est autour de nombreux questionnements et réflexions, mais aussi des collaborations, que Louis Guillaume interroge ses projets : il s’appuie sur ses rencontres, avec des scientifiques par exemple, pour donner forme à ses idées.
En 2020, il est sélectionné au Prix COAL (Art et Environnement) avec son projet Saisons et espèces, structures du vivant où il a notamment réalisé un calendrier saisonnier, résultat d’un inventaire précis et de découvertes multiples. L’artiste a aussi été en résidence à la Cité Internationale des arts, qui l’a incité à présenter son travail pour la Biennale des Arts Islamiques, à laquelle il sera sélectionné.
Il crée, avec toute son équipe, composée d’artistes intervenants, une œuvre spécialement pour l’occasion. Elle sera présentée lors de la Biennale des Arts Islamiques, à Djeddah, en Arabie Saoudite, du 25 Janvier au 25 Mai 2025. Le projet s’inspire des moucharabiehs, ensembles de panneaux de bois travaillés typiques du monde arabe, qui permettent d’aérer une pièce et de laisser passer la lumière sans entrer la lumière. Le motif réalisé, qui s’inscrira dans un cercle de 6 mètres de diamètre évoquant un soleil, est inspiré d’une documentation sur les moucharabiehs de la ville de Djeddah, grande ville portuaire près de la Mecque et ville mère de la Biennale. A travers cet élément architectural, Louis s’intéresse au lien entre intérieur et extérieur.
La structure est faite de grilles de métal (fers à béton) et de cordage, qui permettent de créer un grand panneau. Le travail débute dès la récolte du stipa, de juin à septembre. C’est ensuite la technique du feutrage qui est utilisée et à laquelle la classe a participé : le travail de la laine et de la graine, qui sont deux matières qui se complètent, se fait à l’aide d’eau chaude et de savon. La laine est ensuite superposée puis frottée afin de créer un tapis. Il sera lui-même frappé pour devenir de plus en plus résistant. Enfin, la matière est défeutrée pour appliquer les graines sur les cordages.
Louis Guillaume travaille aussi en collaboration avec l’artiste Kim-Anne Merlet (@the.kam.tone) dans la réalisation de vêtements, notamment en bourre de peuplier et avec de la stipa. La matière a déjà été testée et utilisée au préalable pour la réalisation d’une veste qui a d’ailleurs été brûlée volontairement pour examiner les différents rendus de matière une fois remodelée à l’état textile.
Dans cet atelier nous avons dû, sur un fil tendu, y déposer la matière qui sera ensuite aspergée d’eau pour ensuite la modeler avec nos mains. L’idée est de créer un « boudin » de bourre de peuplier sur toute la longueur du fil qui servira ensuite de base de couture pour la réalisation du vêtement.
Louis Guillaume sera présent du 7 au 23 Février 2025 à Montrouge, au Salon de Montrouge salon d’art contemporain.
Vous pouvez aussi suivre son travail sur Instagram (@louis__guillaume)
Compte-rendu réalisé par Lorelei Gueraud et Léna Ferreira