Nous avons eu l’opportunité de visiter l’exposition intitulée Personne se déroulant du 17 janvier au 6 avril 2024 au Carré Amelot, à la Rochelle. Cette exposition collective, présente des œuvres photographiques sélectionnées et empruntées à l’artothèque de Pessac, espace de prêt d’œuvres multiples ayant vocation à l’éducation à l’image.
Il s’agit d’un choix subjectif de photographies, orchestré par Pascal Mirande, le commissaire d’exposition qui écrit cette présentation en s’appuyant sur la diversité photographique des collections de l’artothèque les arts au mur.
Le point commun de ces photos, et qui forge le regard thématique de l’accrochage, est une absence systématique du corps humain. Personne n’est physiquement présent dans les images présentées. On observe uniquement des lieux, des paysages avec comme seule contrainte le regard du spectateur qui les traverse.
L’idée du commissaire d’exposition était donc de disposer les photos sans ordre particulier de l’ordre du narratif mais de créer une certaine cohérence, une harmonie entre elles afin qu’elles puissent évoquer un imaginaire, des histoires ouvertes, quelque chose de personnel ou de familier au spectateur afin que chaque individu puisse se l’approprier de manière singulière.
Ainsi, on ne retrouve pas de cartel en dessous des photos, pour que les images puissent exister pour ce qu’elles sont. L’alignement de l’accrochage, pensé de manière irrégulière, insiste sur la possibilité de se projeter dans une œuvre indépendamment des autres, tout en permettant à chaque spectateur, grand ou petit, de pouvoir la contempler.
Ces photos ont pour vocation d’interroger le spectateur sans forcément donner de réponses, ainsi donc de créer une réflexion chez lui.
Que sont ces lieux, dans quelles circonstances ces images ont-elles été créées ?
Que nous disent ces images des humains, dont la représentation en est absente, qui les ont façonnées, les habitent ?
Que sont en fait ces espaces en flamme couverts d’une neige étrange (Nicolas Descottes), ces intérieurs aux allures mélangées de bowling et de centrale nucléaire (Vincent J. Stoker), cette flaque pétrolifère (Simon Quéhelliard) , ce simple plan dessiné sur un paper-board (France Dubois), cette cellule (Jean-Christophe Garcia) et cette cour de prison (Christophe Goussard), ce front de mer tempétueux (Sophie Ristelhueber), ces façades aux murs aveugles (Guillaume Hillairet) ou encore cette automobile dressée à la verticale, en flammes au milieu d’un champ devenant totem, icône sacrificielle (David De Beyter)…
Compte-rendu rédigé par Cléa Loubier et Luz Diaz Zangari