Le lundi 14 octobre, les élèves de la classe de CPES-CAAP (classe préparatoire aux écoles d’art) faisaient la rencontre d’Alexia Atmouni, une artiste rochelaise venue avec une valise à roulette pleine de ses carnets. Elle nourrit une forme de fascination presque méthodique dans l’aspect structuré de ce qu’elle va mettre en forme dans ceux-ci. Chaque carnet a une fonction précise : de la documentation, du travail de recherche, de la libre expression, tout y est.
Mais pour comprendre sa démarche il faut revenir sur son parcours. Ancienne élève du lycée Valin, elle y a reçu un enseignement des arts plastiques. Lors de sa présentation à la classe, elle dit utiliser des carnets depuis l’enfance mais que son utilisation va changer quand elle intègrera les Beaux-Arts en 2005. Sa collection commence à partir de cette date 2005 jusqu’à ce jour, elle n’est toujours pas achevée. Aux Beaux-Arts, successivement à l’École Supérieure d’Art et de Design de Tours puis à l’École Nationale d’Art de Dijon, ses carnets seront plus tournés vers de la recherche esthétique et graphique.
L’intérêt porté par ses professeur.es à ce travail lui a, selon elle, permis de passer « l’écrémage » des premières années aux Beaux-Arts (à cette époque et encore aujourd’hui dans certaines écoles d’art française, la première année est une année au bout de laquelle une sélection est encore opérée). Mais en parallèle de ses recherches, elle tient également des carnets beaucoup plus personnels qui comportent des dessins, des collages et des écrits.
Ainsi elle sépare ses carnets en 3 catégories distinctes : Les carnets de recherches, carnet de voyages et carnet de vie, certains de ses carnets ne sont pas finis, bien qu’elle n’y ait pas touché depuis des années.
Les carnets de voyages qui sont là pour documenter ce qui a été fait pendant les voyages. Ils ont surtout été fait quand elle était adolescente. Elle a arrêté parce que ces carnets manquaient de spontanéité.
Les carnets de recherche esthétique regroupent la recherche graphique et esthétique, des carnets avec des idées ou concepts particuliers comme par exemple le carnet de « Rencontres fortuites », commencé en 2011 et toujours en cours, qui réunit des collages de petite taille et qui sont aujourd’hui visibles sur un compte instagram, puis rencontres fortuites entre vraies personnes en 2013 qui reste toujours en cours où elle confronte deux personnalités, parfois venant de l’entourage proche d’Alexia Atmouni qui se ressemblent mais qui ne se croiseront jamais ou qu’elle aimerait voir côte à côte.
Souvent, les idées de ses carnets sont celles que l’on peut retrouver par la suite dans ses projets.
A travers l’usage de ces carnets, une pratique protocolaire émerge qui nourrit des projets de travaux ex-libris, comme les collages muraux issus des rencontres fortuites ou la série des dessins méditatifs qu’elle continue à poursuivre.
Ce partage de travaux en cours, de repères dans l’histoire d’une pratique artistique aura permis à la classe à la fois de prendre conscience du travail sous-jacent à tout projet plastique, nécessitant essais, mises en forme, mais aussi de découvrir le carnet comme support à une forme artistique autonome, entre projets éditoriaux, livres d’artiste et rituels graphiques qui jalonnent la vie d’un.e artiste.
Compte-rendu réalisé par Rebecca Sabatier et Gabriel Sabirou