L’artiste, diplômée de l’ENSA Limoges et récemment pensionnaire de la Maison François Méchain aux Eglises d’Argenteuil (17), a proposé une exposition intitulée Images Fantômes dans la galerie du lycée.
« Ce qui n’est pas fixé n’est rien, ce qui est fixé est mort » c’est cette citation parue dans le livre Tel Quel de Paul Valéry qui alimente jour après jour le travail de l’artiste Véronique Framery, plus connue sous son nom d’artiste Miss V tout comme « l’inquiétante étrangeté » de Freud qui est au cœur de ses œuvres. Il y a en effet des choses familières dans notre cerveau qui révèlent peu à peu l’étrange. L’exposition qui a eu lieu au sein du Lycée Josué Valin, intitulée image fantôme,titre emprunté à Hervé Guibert, écrivain et photographe qui aura eu une grande influence sur son travail, a pour sujet des photos qui mettent en question des lieux qui ont été habités, des images qui nous hantent, des images en train d’apparaître.
Le passé douloureux de sa famille ayant subi les horreurs de la seconde guerre mondiale à Oradour sur Glane, guide, malgré elle, l’artiste à travers des images entraperçues, tabous. Évoluant entourée par les bois et les ruines du village, son travail se construit autour de ce décor. Nous sommes la somme de nos photos premières, famille, amis, histoire…
Sa famille perd son grand-oncle dans le massacre de 1944 sans que celle-ci ait pu faire image de ce deuil. La question de l’image qui manque ou de la photo mortuaire, pratique aujourd’hui quasiment disparue, traverse la pratique de Véronique Framery. La plupart des travaux auxquels l’artiste s’intéresse ont un lien plus ou moins étroit avec la mort.
L’œuvre Remains réalisée pour l’exposition, est une série de 12 portraits de membres de la famille de l’artiste du coté de sa mère. Avec ce travail, elle interroge le rapport à la mort et le temps qui passe. Générations après génération, les descendants des défunts d’Oradour posent, sans le savoir, pour un portrait où, e, fermant les yeux, ils miment leur propre mort. L’artiste utilise pour cette série des piges, qui sont destinées des feuilles de papier photographique habituellement sacrifié et qui sert d’étalon dans le laboratoire. Révélées, les images disparaissent en noircissant, simplement fixées, l’image vire au rose et s’estompe devenant spectrale. La photographie de Miss V a une vie autonome, elle ne lui appartient pas. Même figée, elle continue de vivre et de changer. Véronique, dont le prénom évoque l’image christique apparaissant sur le suaire, a tourné sa pratique vers ce qui fait d’une image apparaissant, la disparition d’une autre, dans une continuité quasi-filmique de cette mécanique de révélation et d’effacement.
Lou Guilmet et Rose Gontek, étudiantes en CPES-CAAP ont participé au compte-rendu de cette rencontre